Vancouver recrute « désespérément » des enseignants d'immersion à Toronto

Un élève en immersion française.
Photo : Radio-Canada / Nicole Germain
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Conseil scolaire de Vancouver cherche « désespérément » des enseignants en immersion française et tente d'en recruter à Toronto, bien qu'une pénurie de personnel qualifié existe déjà en Ontario.
Un texte de Natasha MacDonald-Dupuis
Malgré la popularité de l’immersion française, le Conseil scolaire de Vancouver (Vancouver School Board, VSB) a dû réduire le nombre de places l’an dernier, à cause d’un jugement de la Cour suprême qui impose un nombre d'élèves moins élevé par classe en Colombie-Britannique.
Depuis, le Conseil recrute activement des enseignants qualifiés dans une douzaine de villes canadiennes et offre des incitatifs pour les séduire, comme une allocation de déménagement.
On cherche encore 24 profs en immersion française. Notre problème n'est pas nécessairement le recrutement, mais surtout la rétention du personnel.
Vendredi, une équipe de recrutement s’arrêtera donc au Salon des carrières en éducation de Toronto.
Même problème, autre province
Le hic, c’est que les programmes d’immersion des conseils scolaires de l’Ontario sont eux aussi victimes de leur succès.
« C’est triste, vraiment, c’est absurde qu’on ait un conseil de l’Ouest qui vient à Toronto quand nous avons aussi une pénurie. C’est une sorte de cannibalisation », se désole l’enseignant d’immersion française de Mississauga, Felipe Pareja.

Chantal Bourbonnais, directrice générale de l'Association canadienne des professionnels d'immersion
Photo : Chantal Bourbonnais
C’est une pénurie à l’échelle du pays, les inscriptions ont augmenté de 20 % en cinq ans. C’est certain que les conseils scolaires vont essayer d’aller à la pêche.
Il n’est pas rare qu’un enseignant non qualifié soit embauché en Ontario, ou qu’une demande de dérogation soit faite pour qu’il puisse enseigner en français. Il s'agit d'un choix difficile auquel sont confrontés les administrateurs des conseils scolaires, explique Chantal Bourbonnais, directrice générale de l'Association canadienne des professionnels d'immersion. « Est-ce qu’on embauche du personnel non qualifié, ou est-ce qu’on abolit les programmes? »
« En ce moment en Ontario, il y a plein d’élèves en immersion qui ne reçoivent pas l’éducation en français qu’ils méritent », se désole M. Pareja, qui ajoute que le même problème existe pour le recrutement d'enseignants de français.

Le conseil scolaire catholique de London a annoncé en décembre dernier qu'il mettrait fin à son programme d'immersion française dans les maternelles de quatre de ses écoles.
Photo : Conseil scolaire catholique London
Les conseils scolaires ontariens sont contraints de limiter les demandes d’inscription et de créer de longues listes d’attente ou alors des systèmes de loterie.
Richard Zerbe, directeur des programmes éducatifs pour le VSB, ne s'inquiète toutefois pas, et mise notamment sur la beauté des montagnes pour séduire les enseignants d'ici. « Le nouveau curriculum de la Colombie-Britannique est très attrayant pour les professeurs, et nous avons un climat et des activités sportives qu'il n'y a pas ailleurs », dit-il.
L’ACIF planche sur plusieurs solutions à l’échelle du pays
- Promotion active des programmes universitaires pour former de nouveaux enseignants en immersion française
- Augmentation du recrutement international
- Création d’un portail d’emploi national en immersion française pour connecter les chercheurs d’emplois et les conseils scolaires